Blond au yeux bleu, surnommé soleil par ses ouvriers noirs.
Propriétaire de l'usine de sucre de Jaula (cf photo) *et d'une usine de procductionde gaz liquéfié ("l'oxygène").
Des camions d'ouvriers sont venus au funérailles du père Larroche.
Dopère : Notre grand-père, Eugène de LARROCHE, père de Maman.
Il avait soixante-six ans à ma naissance , et c'était " un grand monsieur ", propriétaire de l'usine Jaula, et de deux distilleries. Loin de lui l'idée de se retirer : il était toute la journée sur les routes, ou à des réunions, s'étant tout juste un peu dégagé de la culture, comme de l'usine de production de gaz liquéfiés (on disait : " l'Oxygène "), qu'il avait installée, à côté de son usine de sucre de Jaula, et dont son fils Amy s'occupait. Il était lié à des gens très influents, vivant en Métropole, avec qui il gardait des contacts d'amitié ou d'affaires (Messieurs Gradis, Schwob d'Héricourt, le président Albert Sarrault, le comte de La Rochefoucauld, le banquier Achille Fould, et bien d'autres encore). C'était un grand et bel homme, aux cheveux blancs, après avoir été blonds (on l'appelait " Soleil ", quand il était jeune), aux yeux bleus, à la prestance assurée, et à la voix puissante. Il avait eu plusieurs duels (j'ai encore ses pistolets), et savait se faire respecter. Avant la Guerre, il faisait souvent des cures en France, d'où il rapportait des cadeaux somptueux pour tout son entourage.
En famille, c'était le plus gentil des grands-pères, et le plus prévenant aussi. Il s'entendait très bien avec Papa, jusqu'au jour où la politique les sépara : il fut un Gaulliste des premiers jours, tandis que Papa avait foi dans le Maréchal…
Maladresses et orgueil firent le reste, et ils restèrent définitivement" brouillés ", comme on disait alors. Finis les déjeuners en famille ( le jeudi chez Dopère, et le dimanche à la maison), restaient, pour Maman et les enfants des visites, quasi clandestines, chaque jeudi, à la rue Boisneuf, et parfois des promenades partagées. Nous en avons beaucoup souffert.