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Pierre Gautier dit St-Germain 1684 - 1761
« Le dixiême jour du mois de novembre de l'an mil six cent quatre-vingt a été baptisé par moi prêtre public dans l'église de Repentigny Pierre Gautier fils de Germain Gautier et de Jeanne Beauchamp sa femme, né la nuit précédente. Le parrain a été Pierre Lavigne (i), habitant de Boucherville et la marraine (ii) ...Beauchamp qui ont déclaré ne scavoir écrire ni signer, de ce j'interpellai suivant l'ordonnance excepté Germain Gautier qui a signé avec moi. (iii) » (i) Il s'agit ici de Pierre Larrivée, oncle de l'enfant. (ii) La marraine fut Denise Beauchamp, femme de Pierre Larrivée et soeur de Jeanne Beauchamp, mère de l'enfant. (iii) Germain Gauthier n'a pas signé comme on peut le constater sur l'acte original. Il ne savait pas écrire selon ce qui ressort de nombreux actes où il fut partie. L'enfant n'avait pas atteint sa troisième année que la famille quittait Repentigny pour aller s'implanter solidement et à demeurer sur la rive sud du Saint-Laurent, plus précisément dans la seigneurie de Boucherville. On relève, en effet, au registre de la paroisse de la Sainte-Famille, en date du 6 juillet 1687, le baptême de Marie-Françoise, fille de Germain Gauthier et de Jeanne Beauchamp « habitant de Boucherville ». Le 1 octobre de la même année, Germain vendait à un nommé Jean Rumilly, sa maison et concession de Repentigny (gr. M. Moreau, 1 octobre 1687). C'est donc à Boucherville que Pierre passa le reste de son enfance et les brèves années de son adolescence. La population totale de cette seigneurie était en 1681 de 179 personnes. (B. Sulte, Hist, des C.F.) Il ne fréquenta vraisemblablement pas l`école, car il déclara toute sa vie « ne scavoir escrire ni signer » (1). Sa quotidienne et intense occupation dut être alors, comme celle des garçons de tous les temps, de grandir, de devenir un homme courageux et fort. La terre n`était-elle pas là, attendant ses bras pour la « déserter », la labourer et l’ensemencer. On se représente difficilement ce que pouvaient être les yeux, les rêves et les terreurs des enfants de la Nouvelle-France à cette lointaine et dangereuse époque. La grande nature laurentienne vierge encore et peuplée de mystère et de dangers, les images baignées de nostalgie et de légendes de la lointaine mère-patrie, évoquées pensivement au ralenti des confidences, le soir, à la chandelle avec le souvenir des parents de là-bas, en Normandie,...tout cela ne pouvait manquer d`impressionner, bien profondément, cet enfant pour qui le monde qui commençait au bout de la clairière, devant la porte, était bien plus vaste et plus merveilleux que touts les géographies et tous les films ne pourront jamais le montrer. Où les Gauthier St-Germain habitaient-ils en arrivant à Boucherville? Aucun document ne le révèle, mais il n`est pas impossible qu`ils se soient fixés à la « Côte de St-Joseph » dès leur venue dans la seigneurie de Pierre Boucher ou du moins bien avant que celui-ci ne concède officiellement à Germain, le 7 avril 1701, la terre de 110 arpents qui sera ensuite sa propriété jusqu`à sa mort. Il est certain toutefois qu`ils y demeuraient au mois de mars 1691, comme l`affirme l`acte de baptême de François, « fils de Germain Gautier dit St-Germain et de Jeanne Beauchamp son épouse, habitant de la Coste St-Joseph, paroisse de Boucherville ». C’est sur cette terre située à peu de distance à l`est du bourg, et dont une bonne partie devait alors être en bois debout, que Pierre Gauthier apprit le dur métier de défricheur et d`habitant. S`engagea-t-il comme le firent par la suite son frère François, son beau-frère Jean ......, son fils Paul et plusieurs autres de ses neveux pour aller chercher des pelleteries « aux Illinois ». Il ne paraît avoir passé de contrat notarié à cet effet. D`autre part, son père avait environ quarante ans lorsqu`il s`établit à Boucherville et cinquante-quatre ans lorsqu`il y obtint une concession. Pierre avait dix-sept ans et Jean, son frère aîné dix-neuf ans. On voit quelle aide précieuse ces deux jeunesses représentaient pour leur père et il n`est pas risqué de penser qu`ils restèrent à la maison pour lui prêter main forte jusqu`au temps de leur mariage. Mariage Pierre Gauthier allait avoir vingt-trois ans quand il fit ce qui fut certainement considéré à l`époque comme un beau mariage. Le 15 mai 1707, il épousait Marie-Anne Tessier, petite-fille d`Urbain Tessier compagnon de M. De Maisonneuve et l`un des pionniers de Ville-Marie. Voici le texte de son acte de mariage tel qu`il fut inscrit au registre de Notre-Dame pour l`année 1707. « Le quatorzième jour de may mil sept cent sept, après la publication de deux bans et la dispense du troisième obtenue de M. Francois Vachon de Belmont Grand vicaire de Monseigneur l`Évêque de Québec, je, soussigné, Prêtre, vicaire de la Paroisse de Ville-Marie, après avoir pris le mutuel consentement par paroles de présent Pierre Gautier âgé de 23 ans fils de germain gautier dit St-germain habitant de Boucherville et de Jeanne Beauchamp sa femme, ses père et mère d`une part, et de Marie-Anne Texier âgée de vingt-deux ans fille de deffunt Laurent Texier et de Anne LeMyr, sa femme de cette paroisse d`autre part. Les ay mariés selon les rits de notre mère sainte Église En présence dud germain, père dud Epoux de pierre Larrivée son oncle habitant dud Boucherville de jean Gautier son frère, de Paul Texier oncle de ladite Epouse, de Jean Texier, aussy son oncle, de pierre Couturier, maître-masson Et de plusieurs autres parens et amis des dittes parties. L`Epoux Lesdits Gautier, Larrivée et jean Texier ont déclaré ne scavoir signer de ce enquis selon Lordonnance ons signé, marie an texier, Damous, anne Lemire paul texier P. couturier, ch. Texier Belmont, vic gnal Priat. Prêtre »
Cet acte, comme c’est la règle, est relativement sobre et il ne nous révèle que l`essentiel concernant les époux. Par contre leur contrat de mariage, reçu par le notaire Michel Lepailleur le 28 mai 1707 aborde en détails intéressants. Qu'on en juge par les extraits qui suivent : « Furent témoins à la signature du contrat, du côté de l'époux : Germain Gauthier et Jeanne Beauchamp, ses père et mère, le Sr Pierre Larrivée, son oncle du côté maternel, les Sieurs Jean Gautier son frère et Pierre Richard son cousin germain(2). » Du côté de l'épouse, on remarquait Anne Lemire(3), sa mère, veuve de Laurent Tessier, le Sr Gédéon de Catalogne, écuyer, lieutenant du détachement des troupes de la marine et Marie-Anne Lemire, sa femme, oncle et tante de la future épouse, enfin, les dames Catherine Lemire et Elizabeth Barreau aussi ses tantes, tous représentant le côté maternel. Du côté paternel, il y avait « honorable femme Marie Archambault, veuve de défunct Sr Urbain Tessier, son ayeule », puis les Sieurs Paul, Jean et Jacques Tessier, ses oncles, Philippe Damours, Sr de La Moranière, officier des troupes et Pierre Couturier, ses cousins. Les époux se mariaient sous le régime de la communauté de biens. L'épouse se voyait douée du douaire coutumier ou d'une somme de 600 livres à son choix. Le préciput, égal et réciproque, était de 200 livres. Germain Gauthier et sa femme s'engageaient à nourrir les jeunes mariés durant deux ans, et à cet effet, à leur fournir annuellement trente minots de blé, un cochon gras, et une tinette de beurre, comme aussi, ils promettaient leur donner deux boeufs de travail, une vache, une taure pleine, le tout estimé comme suit : le minot de blé à 42 sols, le cochon gras à 20 livres, la tinette de beurre de 25 livres à 6 sols la livre, les 2 boeufs à 80 livres les deux, la vache à 25 livres et la taure à 15 livres. En outre, ledit St-Germain et sa femme promettaient aux futurs époux « leur ayder à bâtir une grange et une étable sans en requérir aucun salaire et sans que, venant à la succession, ils soient obligés sous ce rapport ». De plus, le futur époux, Pierre Gauthier, apportait à la communauté la somme de 300 livres, savoir, 200 livres en argent, et 100 livres « en bons meubles meublant ». Quant à Marie-Anne Tessier, on peut dire qu`elle ne venait pas les mains vides puisqu`elle apportait dans la communauté, la somme de 500 livres laquelle était employée à l`achat de la moitié d`une terre appartenant à sa mère et située à la Longue-Pointe, alors le plus souvent appelée Côte Saint-François. De ces 500 livres, 400 entraient dans les biens de la communauté et 100 lui restaient en propre « comme venant de certains héritages de patrimoine ». Enfin, il était convenu et accordé que la maison de défunt Laurent Tessier, son père, sise rue Notre-Dame à Ville-Marie(4) et où demeurait alors Anne Lemire serait à l`avenir la demeure partagée « entre ladite veuve Lemire, lesd époux Gautier et le frère de l`épouse, le Sr Jean-Baptiste Lemire (5) ». Et les parties stipulaient que cette clause « ait force et vertu de partage de la dite maison ». Comme on le verra par la suite, cet article du contrat était trop vague et il allait subséquemment donner lieu à des difficultés. Quoi qu`il en soit, c`est dans cette maison où Marie-Anne Tessier avait demeuré avec sa mère, que fut passé le contrat de mariage en question. À la Longue-Pointe : 1707-1724 Le jeune couple occupa-t-il cette partie de la maison de la rue Notre-Dame, à Ville-Marie qui venait de leur échoir? Rien ne permet de l’affirmer. La terre de la Longue-Pointe était trop éloignée et la route trop mauvaise pour que ses propriétaires aient pu la cultiver, y garder des animaux tout en demeurant à Ville-Marie. D`autre part, Pierre et Marie-Anne se marièrent au mois de mai, au temps des semences et il est impensable qu`ils aient laissé passer le printemps et l`été de 1707 sans exploiter leur bien nouvellement acquis. Leur contrat de mariage le laisse sous-entendre lorsqu`il précise que Pierre « reconnaît avoir reçu de ses père et mère les deux boeufs de travail qu`ils promettent lui donner en considération de son mariage ». Il paraît donc certain qu’il cultiva sa terre de St-François cette année là et qu`il y demeura dès 1707. Deux documents en tous cas, nous autorisent à conclure qu`il y habitait en 1708. C`est d'abord l`acte de baptême de Marie-Anne, premier enfant né de son mariage avec Marie-Anne Tessier, où il est dit que « les parents habitent la Longue-Pointe » (R.E.C. de Notre-Dame, 1 juin 1708). C’est ensuite un contrat de vente que lui consent Pierre de Vanchy de « la troisième d`une terre située à St-François »...voisine de la sienne, où il est encore expressément dit « habitant de St-François » (gr. N. Senet, 4-11-1708). Saint-François d`Assise de la Longue-Pointe est la troisième plus ancienne paroisse de l'Île de Montréal. Celle de Notre-Dame fut fondée en 1657 et celle de Pointe-aux-Trembles en 1674. Entre ces deux centres s'étendait un vaste espace de bonnes terres qui montaient du bord du fleuve vers le centre de l'île. Les Sulpiciens, qui en étaient les propriétaires, n'avaient pas tardé à en faire des concessions. Ils commencèrent par le haut, c`est-à-dire à l`ouest dès 1666; puis de 1680 à 1685, ils disposèrent des terrains situés vers le bas. Urbain Tessier s`en était vu concédé un le 6 décembre 1665 par Messire Gabriel Souart. Or, vis-à-vis des îles de Boucherville, la rive montréalaise s`avançait alors dans le fleuve en une longue pointe où fut construite une redoute en bois qui s`y trouvait encore en 1719. Les habitations des premiers colons entouraient cette redoute et comme ils étaient bien éloignés de l`église de Ville-Marie et de celle de Pointe aux Trembles, ils bâtirent une petite chapelle sous le vocable de Saint François d`Assise, mais le Saint-Sacrement n`y reposait pas et l`on y disait que rarement la messe. Cette chapelle existait au temps où Pierre Gauthier et sa femme arrivaient à la Longue-Pointe, et elle était desservie tantôt par le curé de Pointe-aux-Trembles tantôt par les prêtres de Notre-Dame. Cela dura ainsi jusqu`en 1724 alors que la Longue-Pointe devint paroisse et eut son premier curé dans la personne de l`abbé Joseph Hourde, p.s.s.(6). Il n`est donc pas surprenant que tous les enfants de Pierre et de Marie-Anne Tessier dont le dernier naquit en 1723 aient été baptisés à Ville-Marie. Ces trop brèves notes sur les débuts de la Longue-Pointe voulaient nous aider à reconstituer un peu le cadre où s`écoulèrent ces quinze premières années de la vie conjugale de notre ancêtre. Pierre Gauthier a eu toute sa vie la préoccupation sinon la « manie » d’acheter et de vendre des terres; il en commerça jusqu`à la fin de ses jours. On l`a vu, l`année qui suit son mariage, en ajouter un morceau à ce que sa femme avait apporté à la communauté. À l`automne de l`années 1711, il achetait de Jean-Baptiste Tessier, son beau-frère, la part de la terre ancestrale dont celui-ci avait hérité et qui joignait la sienne (gr. M. Lepailleur, 21-10-1711). L`intérêt non équivoque que manifestait Pierre Gauthier pour agrandir son domaine n`était pas d`exception. Un vent de renouveau soufflait alors sur la Nouvelle-France, la Guerre de Succession d`Autriche avait pris fin en 1713, Louis XIV était mort en 1715; une nouvelle ère commençait. Le Marquis de Vaudreuil et surtout l`Intendant Bégon, désireux de mettre à profit la paix récente, imprimèrent une nouvelle impulsion à l`établissement sur les terres. Ce fut le début de l`occupation en profondeur, de déboisement et de la mise en valeur de la plaine du St-Laurent, à l`exception des côtes qui furent les premières concédées. C`est à la lumière de ces faits qu`il faut voir les nombreuses concessions de terres alors consenties par les seigneurs et les mutations de propriétés qui s`ensuivirent. Pendant qu’il s’employait ainsi à agrandir et défricher sa terre de la Longue-Pointe, Pierre Gauthier ne se désintéressait pas des biens que sa femme et lui possédaient à Ville-Marie plus précisément de la moitié d`une maison et d`un emplacement qu`ils avaient en commun avec Jean-Baptiste Tessier leur beau-frère. Or, les termes du partage étaient passablement vagues, et, on s`en souvient, les deux co-partageants étaient encore mineurs à l`époque où il fut stipulé. Aussi, ne faut-il pas s`étonner qu`il y ait eu des frictions entre les intéressés et que de nouveaux arrangements soient devenus nécessaires. Ils eurent lieu en trois étapes au cours de l`année 1712. Il faut dire que dès 1708, Pierre Gauthier et Marie-Anne Tessier avaient pris l`initiative de vendre à Jean Caillaud dit Baron l`emplacement voisin de la maison comme s`ils en avaient été les seuls propriétaires (M. Lepailleur, 21-12-1708). C`est sans doute ce qui engagea Anne Lemire à conclure « pour entretenir la paix »…ce sont les termes mêmes de l`acte…, un accord avec son fils Jean-Baptiste Tessier, Pierre Gauthier et Marie-Anne Tessier, son beau-fils et sa fille. En vertu de cette entente: (A) la veuve Lemire cédait à Jean-Baptiste et à Marie-Anne ses deux enfants, tous ses droits sur (a) une terre à Saint-François dépendant de la succession de son défunt mari Laurent Tessier, (b) la moitié d`un emplacement et d`une maison, rue Notre-Dame à Ville-Marie. (B) Les deux enfants susdits d`Anne Lemire reconnaissent que leur mère et ci-devant leur tutrice leur avait rendu bons et fidèle compte de son administration des biens de la succession de feu Laurent Tessier comme de ceux de la succession d`Urbain Tessier, leur grand-père. (C) Ils se partageaient à l`amiable l`emplacement et la maison de la rue Notre-Dame : la maison de pierre restait à dame Lemire et les bâtiments de bois contigus allaient à ses fils et fille et beau-fils. Quant au terrain, il revenait, partie à la mère et partie aux enfants, les limites de chaque lot étant bien précisées (M. Lepailleur, 7-1-1712). Cet accord avait le mérite de clarifier la situation en ce qui concernait la mère et les enfants. Restait à ceux-ci de le faire entre eux. Cela devait s`opérer en deux étapes. En premier lieu, dès le mois de mars de la même année, 1712, Jean-Baptiste Tessier et Pierre Gauthier se partageaient la maison de bois et l`emplacement de la rue Notre-Dame. La partie de la maison qui joignait le logis d`Anne Lemire, soit une douzaine de pieds de large sur toute la profondeur échut à Marie-Anne Tessier, et le reste qui joignait l`emplacement échut à Jean-Baptiste Tessier. De même, l`emplacement fut partagé en deux parts à peu près égales entre les deux parties et le Sr Gédéon de Catalogne, leur oncle, fit le plan des lieux pour l`annexer au contrat (gr. M. Lepailleur, 9-3 1712). L`arrangement ci-dessus cependant n`était que temporaire. Un mois plus tard, Jean-Baptiste Tessier et Pierre Gauthier St-Germain, époux de Marie-Anne Tessier, héritiers de Laurent Tessier, font les accords qui suivent : « Le premier cède au second et à sa femme tous ses droits sur l`emplacement rue Notre-Dame; de leur côté, les époux Gauthier abandonnent aux Tessier la pièce qui leur était échue dans la maison de bois » (gr. M. Lepailleur, 7 4 1712). Ainsi se trouvait réglé une situation qui faillit engendrer un conflit, et un épisode était clos qui aurait menacé un moment la concorde dans la famille. Entre temps, les affaires de Pierre Gauthier semblent avoir prospéré. À preuve, un prêt de 1150 livres qu`il consentit pour trois ans à son beau-frère Jean-Baptiste Tessier et Anne Aubuchon, sa femme, somme qu`il leur compte en « monnaie de cartes ayant cours en ce pays » (gr. M. Lepailleur, 5-2-1713). De plus, dès le mois suivant, il conclut avec le Sieur François Martin dit Langevin, maître maçon de Ville-Marie, « un marché de maçonne » d’une maison de 20 pieds par 30, qu’il fait construire sur sa terre de la Longue-Pointe pour la somme de 240 livres payable au fur et à mesure des ouvrages, « moitié en argent et moitié en bled » au prix de 8 livres le minot (gr. M. Lepailleur, 16-3-1713). Ce contrat abonde de détails minutieux et intéressants et il ne laisse pas de place à la négligence et à la faute. Qu`on en juge par les indications suivants relatives à la cheminée « qui sera double, dont l’une taillée proprement et l`autre ceinturée de pierres bouttée, dans laquelle sera la gueule d`un four. Le foyer de la chambre sera de grandes pierres taillées par ledit Martin et bien jointes…les cheminées seront bien montées jusqu`à la hauteur au-dessus du faîte de la cheminée selon l`ordonnance…» Quant au bois de charpente nécessaire à la construction projeté, c`est de dame Elizabeth Beaudereau veuve de Jacques Richard, qu`il l`acheta pour le prix de 400 livres. « Tout le bois de cèdre, escarry (sic) pour faire une maison de 30 pieds de long et 20 pieds de large » spécifie le contrat reçu par Michel Lepailleur, le 8-7-1714. C`était certainement une bonne maison, bien logeable et bâtie pour défier le temps. Tout en s`installant ainsi à la Longue-Pointe, Pierre Gauthier ne renonçait pas, semble-t-il, à ajouter à son avoir. En effet,, dans le même temps, il achetait du Sr Charles Raimbault, « un morceau de 2 arpents de large sur 3 de profondeur situé au lieu dit la Grande Prairie, en l`Isle de Montréal ». Sept ans s’était écoulés depuis le mariage de Pierre Gauthier avec Marie-Anne Tessier; et durant ce temps, cinq enfants leurs étaient nés, ils avaient nom : Marie-Anne, baptisée sous condition le 1 juin 1708 à Notre-Dame et inhumée au même endroit le 11 décembre 1708, Marie-Josephe, bapt. à N.D. le 16 octobre 1709, Pierre, bapt. à N.D. le 18 février 1711, Henri, bapt à N.D. le 2 nov. 1712; inhumé au même endroit le 19 avril 1714, Paul, bapt. à N.D. le 14 avril 1714. Quatre autres enfants naîtront encore de leur union. Les archives, pour les années 1715-1716, sont muettes sur Pierre Gauthier sauf pour un reçu qu`il délivra à son cousin Pierre Richard pour un lot de peaux de castor que son frère François alors en voyage aux castors lui avait fait parvenir pour en disposer (gr. M. Lepailleur, 20-2-1715). C`est ensuite à l`automne de 1718 qu`on le retrouve comme partie à un contrat qu`il passe avec Pierre Le Gardeur Seigneur de LaChesnaye dont il achète « une terre avec tous les déserts, prairies et paturages qui sont sur yelle… ». Cette terre mesurait 2 arpents de front sur 20 de profondeur, et il la paya 3400 livres. Ce cette somme, l`acquéreur donnait sur-le-champ « 1900 livres en monnaie de cartes ayant cours », et il s’obligeait à payer les 1500 livres restant dans six semaines et les autres 500 livres aussitôt que faire se pourra (gr. M. Lepailleur, 25-9-1718).
Le 10 mai 1719, l`ancêtre Germain Gauthier s`éteignait dans sa petite maison du village de Boucherville. Sa terre de la côte St-Joseph qu`il avait « baillée à métairie » depuis sept ans, était mise en valeur par les soins de son fils François. Au décès de l`ancêtre, les biens revenait à parts égales à ses huit enfant vivants : Denise, Jean, Pierre, Françoise, François, Jacques, Agnès et Joseph. Chacun d`eux avait donc droit à une huitième partie du bien paternel. Mais il n`était pas question de le diviser et de le morceler. On s`entendit donc pour que François y succède à son père, trois des autres héritiers lui vendant leur part. C`est ce que firent Pierre et Marie-Anne Tessier qui cédèrent à François ce qui leur revenait de la concession, des bestiaux, des harnais et des instruments agricoles et des bâtiments, le tout pour le prix de 350 livres (gr. M. Tailhandier, 12-2-1720).
Pierre Gauthier, on l`a signalé plus haut, ne cessa guère d`acheter et de revendre des terres. On se souvient qu`il avait en 1718 acquis une concession dans la seigneurie de Lachesnaye, Pierre ne la garda que trois ans. Il en revendit une première moitié, i.e. 1 arpent sur 40 de profondeur à un nommé Laurent Pleau (gr. M. Lapailleur, 16-6-1721) et l`autre moitié au Sieur Philippe Vinet pour 700 livres (gr. J. David, 22-9-1725).
Selon toutes les apparences, Pierre Gauthier était établi définitivement à Saint-François de la Longue-Pointe. Il y possédait une belle terre, il y avait une bonne et solide maison neuve, et rien n`indique qu`il ait eu des difficultés financières, au contraire… Cependant, il venait à peine de vendre cette concession à Lachesnaye qu`il concluait avec Jacques Arrivée (Larrivée) son cousin l`achat d`un morceau de terre de 1 arpent et 4 perches de front sur 25 environ de profondeur, situé à la Côte Saint-Joseph, seigneurie de Boucherville et qui faisait originalement partie d`une concession plus considérable qui avait été divisée et partagée entre les héritiers de feu Jacques David. La partie que notre homme venait d`acquérir pour le prix de 1100 livres argent sonnant, prix de France, tenait suer le devant au « petit lac », d’autre bout, à la terre de Baptiste Meunier et elle joignait « au sauroit » la concession des Descardonnet et au nord-est, à la part de Catherine David (M. Tailhandier, 25-9-1721).
Or il se trouvait que cette part appartenant à Catherine David était une étroite lisière de 36 pieds de large sur 25 arpents de profondeur et qu’elle était virtuellement enclose dans celle qu`il achetait de Jacques Arrivée. Il en fit l`acquisition le même jour, pour 150 livres (M . Tailhandier, 25-9-1721). Pour reconstituer la concession primitive de 4 arp. sur 25 de profondeur faite par Jacques David en 1699 par le curé de Boucherville, il ne lui manquait plus que deux autres lisières de 36 pieds par 25 arpents. Or, une de ces lisières appartenait à Pierre Dagenais époux de Marie-Josephe David. Il l`acheta pour 150 livres prix de France, par contrat passé devant M. Tailhandier (21-9-1725) et il se trouva alors propriétaire de 100 arpents de terre, à cette Côte St-Joseph de Boucherville où il avait passé son enfance et sa jeunesse.
Doit-on conclure que Pierre avait toujours nourri le désir de retourner à Boucherville berceau de 10 familles? Ou bien, l`occasion d`acheter l`héritage des David était à ce point avantageuse qu`il ne pouvait la laisser échapper? Il est probable que les deux motifs contribuèrent à sa décision. Quoi qu’il en soit, dès l’automne de 1722, il avait « baillé » à titre de ferme à moitié profit pour trois ans sa terre de la Longue-Pointe à dame Marguerite Barbeau (gr. J. David, 27-9-1722). Certaines clauses du contrat porte à croire que la famille continua pour au moins un ans, d`habiter la maison de Saint-François. Si tel fut le cas, ce fut pour peu de temps. Le malheur allait s`abattre sur elle. Le 8 juin 1723, Marie-Anne Tessier était inhumée dans le cimetière paroissial de Ville-Marie, morte, selon toute apparence, des suites de ses dernières couches. Elle avait 40 ans et laissait cinq enfants tous mineurs : Marie-Joseph, 14 ans; Pierre, 12 ans; Paul, 9 ans; Laurent, 7 ans; et Germain, 2 ans. Cinq autres étaient décédés en bas âge, notamment, Charlotte, bapt. à Notre-Dame le 17 mai 1723 et inhumée le lendemain au même endroit. La situation n`était pas rose pour le père, et on imagine la tâche qui retomba inévitablement sur les épaule de sa fille aînée, Marie-Josephe. Il est vrai qu`elle n`avait que 14 ans, mais en Nouvelle-France, en ce temps-là, bien des filles étaient à cet âge prêtes au mariage. C`est donc, elle, qui malgré sa jeunesse dut assumer la tenue de la maison.
Avant de clore le récit de cette première étape de la vie de Pierre Gauthier, c`est peut-être le lieu, même si cela nous oblige d`anticiper sur les événements, de nous demander ce qu`il advint de la terre de la Longue-Pointe que Pierre Gauthier avait baillé à ferme pour trois ans en 1722. Il est probable que ce premier baille écoulé, il le renouvela soit avec la même « preneuse » soit avec d’autres parties. Le dernier à qui il loua fut son gendre, Jean-Bte Loiseau, comme en témoigne une quittance qu’il lui donna pour la rente de 6 ans de ferme des parts de ses enfants mineurs Laurent et Germain dans la terre de la Côte Saint-François (gr. H. Loiseau, 15-3-1739).
D`abord, il faut savoir qu`au décès de leur mère, chacun des enfants héritait d`une cinquième partie de sa part des biens de la communauté, et que leur père voyait du même coup son avoir réduit de moitié.
Dès 1734, Pierre, junior, l`aîné des garçons, vendait à Jean-Baptiste Loiseau, son beau-frère, ses droits successifs sur l`héritage maternel (gr. A. Loiseau, No 382). Deux ans plus tard, c`était son frère cadet, Paul, encore mineur mais autorisé par son père qui cédait également à Jean-Bte Loiseau, ses droits à la succession de sa mère (gr. A. Loiseau, 4-3-1736). Et, le jour même où il acquérait les droits successifs de son beau-frère Paul, Jean-Bte Loiseau passait avec Pierre Gauthier, son beau-père, un important contrat d`échange aux termes duquel, celui-ci cédait au premier tous ses droits et prétentions sur : a) sa part de la terre de la Longue-Pointe, b) sa part de la pièce de la terre de la Grande-Prairie, c) sa part de la terre du bord du fleuve St-Laurent, d) sa part des maisons, granges, étables, et généralement tous les bâtiments qui se trouvaient sur ces terres…En contre-échange, Jean-Baptiste Loiseau et Josette Gauthier, sa femme, cédaient à Pierre Gauthier, St-Germain, leur père : (1) un arpent de terre de front sur 25 de profondeur, tout en valeur, situé à Boucherville, tenant par le devant au fleuve St-Laurent , et sur lequel il y avait « une maison de pieux en coulice et une cheminée de pierre, couverte de paille » et une grange! (2) de plus, un morceau de terre d’un arpent de largeur qui se trouvait au bout du 25 arpents ci-dessus et qui allait jusqu’au « petit lac » (3) de plus, un arpent de terre de front sur 30 de profondeur, tout en bois debout, dans la seigneurie de Varennes, au 4ème rang; (4) de plus, une lisière de terre de deux perches de front sur 30 arpents de profondeur, faisant partie de la terre de Pierre Gauthier, mais qui revenait à sa fille Josette, femme de Jean-Bte Loiseau de par la succession de sa défunte mère, Marie-Anne Tessier; (5) de plus, la part qui revenait aux époux Loiseau toujours par la succession de M.-Anne Tessier sur la maison et emplacement de la rue Ste-Famille au village de Boucherville; (6) enfin, Jean-Bte Loiseau donnait à Pierre Gauthier, en plus de ce qui vient d`être dit, 500 livres de retour, comme étant la plus value de ce que ledit Gauthier cédait à son gendre (gr. A. Loiseau, 7-3-1733).
Il ne restait plus à Jean-Bte Loiseau, pour être le seul et unique propriétaire de la terre de la Longue-Pointe, qu`à acheter les droits successifs de Laurent et de Germain Gauthier. C`est ce qu`il fit effectivement le 30 mai 1740. (gr. A. Loiseau, Nos 930 et 931).
À Boucherville : 1724 - 1761
Au printemps de 1724, Pierre Gauthier et ses enfants s’étaient transportés à Boucherville comme le révèle un contrat de vente d`un emplacement que lui consentit Pierre Arrivée, un autre de ses cousins. Pierre Arrivée, précise le contrat…a reconnu avoir vendu…à Pierre Gauthier St-Germain … « demeurant en ce bourg de Boucherville »…etc. L’emplacement dont il s’agit mesurait 45 pieds de front et il était situé rue Ste-Famille et il y avait dessus, une boulangerie, un poulailler et la moitié de la maison du vendeur. L`acquéreur en paya 550 livres, ce qui semble un prix élevé (gr. A. Loiseau, 18-3-1724). Pierre Gauthier conserva cet emplacement du village une quinzaine d`années. Il le revendit par morceaux, l`un à Charles Poirier le 10 juillet 1737 (gr. A. Loiseau, No 705) et l`autre, au Sr de Contrecoeur le 2 mars 1738 (gr. A. Loiseau, No 764).
Ce n`est que deux ans après le décès de sa femme que Pierre Gauthier fut désigné par l`assemblée des parents et amis pour être le tuteur de ses enfants, et Jacques Tessier, un de leurs oncles maternels, fut nommée subrogé-tuteur (doc. Jud. 30-6-1725). Deux jours plus tard, il était procédé à l`inventaire des biens de sa communauté avec Marie-Anne Tessier et le procès-verbal de cet inventaire fut dressé par le notaire Jean-Bte Adhémar (No 1554), mais le partage entre le père et les enfants n`eut pas lieu cette année-là, comme la suite le montrera.
Demeuré veuf à trente-neuf ans avec cinq enfants mineurs à sa charge, il était naturel et prévisible que Pierre Gauthier songeât à se refaire un foyer. Sa fille Marie-Josephe mariait le 27 juillet 1726, laissant vacante la place de maîtresse de maison. Moins d`un mois après, précisément le 4 août, Pierre épousait Elizabeth Paille, veuve de Charles Lemay et fille de Léonard Paillart (ou Paillé) et de Louise Vachon. Voici la teneur de l`acte tel qu`on peut le lire au registre de Notre-Dame pour cette année-là :
« Ce dix-neuvième jour d`août de l`année mil sept cent vingt-six vue la dispense de trois bans accordée par Messire Charles de la Goudalie, grand vicaire de monseigneur l`Éveque de Québec je soussigné, prêtre du Séminaire de Saint-Sulpice faisant les fonctions curiales à Ville-Marie aye pris le mutuel consentement par paroles de présent pierre gotier dit Saint-Germain, âgé d`environ quarante et deux ans fils de Germain gotier et de Jeanne Beauchamp ses père et mère de la paroisse de Boucherville d`une part et Elizabeth payé âgée de trente et un ans fille de Léonard payé et de Louise Vachon ses père et mère de Lévesché de Limoges d`autre part, les aye marié selon la forme Tenue observée dans l`église en présence de Jacques gotier frère de Lépoux de Charles quenneville de Charles françois quorum, de Sieur Jean-Baptiste Dagueville, de Charles Tessier et de plusieurs autres parents et amis des parties. Lépoux et Lépouse ont déclaré ne scavoir signé, de ce enquis selon Lordonnance C. Quenneville J-B Dagueville C. Caron Chs Tessier J.G. DuLescoat, vic »
Leur contrat de mariage fut reçu par Michel Lepailleur le 19 août 1726, mais la minute est apparemment disparue.
C`est ensuite en 1734 que nous retrouvons Pierre Gauthier au moment où il achète d`un dénommé Pierre Lacroix dit Babin une terre de 3 arp. sur 30 située dans la seigneurie de Chambly, tenant par devant à la rivière Richelieu. Cette terre était presque toute en bois debout, aussi, ne la paya-t-il que 40 livres…payables en trois ans. (A. Loiseau, 24-10-1734). Il ne garda pas cette terre, moins d`un ans après, il la revent (sic) soit au prix coûtant, partie à son frère Jacques et partie à son fils Paul qui s`étaient portés acquéreurs le premier, le premier des deux tiers, le second du tiers restant (gr. A. Loiseau, 22-6-1725).
Isabelle Paille (7) , avait, au moment de son mariage avec Pierre Gauthier deux enfants issus de sa première union; Paul Lemay, né en 1718 et Louis Lemay, né en 1720. Son premier mari, Charles Lemay était décédé le 15 août 1721 et, Isabelle, sa veuve, avait joui une quinzaine d`années d`une terre de 3 arp.sur 30, située à la Côte St-Michel, Île de Montréal, mais il n`y avait jamais eu de contrat de vente aux Lemay. C`est ce qui amena, le 26 janvier 1737 (gr. J. Chs Raimbault, No 7335) les Seigneurs de Montréal représentés par Messire Louis Normant supérieur de St-Sulpice, à régulariser cette situation, « en vendant à Elizabeth Paillé, femme de Pierre Gauthier dit St-Germain » la terre sudite. Le même jour toutefois, ces derniers revendaient à Barthélemy Pigeon pour 550 livres, montant qui revenait moitié aux vendeurs et moitié aux deux enfants Lemay (gr. Chs Raimbault, 26-1-1737).
Pierre Gauthier était loin d`en avoir fini avec le commerce des terres; on peut dire qu` « il faisait de l`immeuble » comme cela pouvait se faire en ce temps-là. Au mois de mai 1740, Mme Charlotte de Gray épouse et procuratrice du Sr Charles Lemoyne, baron de Longueuil, concédait à des habitants de Boucherville, pour et au nom de son mari des terres situées dans la seigneurie de Beloeil. Parmi ces nouveaux concessionnaires, on trouve Pierre Gauthier père et ses deux fils Paul et Laurent (gr. Janvin Dufresne, 16-3-1740).
L`année suivante, c`est de son beau-frère, Jean-Bte Pinard, mari d`Agnès Gauthier, qui demeurait aussi à Boucherville, qu`il achetait une autre terre, celle-ci, qui mesurait 2 arp. de front sur 25 de profondeur était située au 5e rang des habitants et elle avait été concédée aux époux Pinard par M. de Boucherville le 4 janvier 1731. Jean-Baptiste Pinard n`avait probablement pas défriché cette concession puisqu`il la céda pour le prix incroyable de 15 livres que l`acquéreur, faut-il le s`en étonner, paya comptant! (gr, A. Loiseau, 18-6-1741).
On a vu Pierre Gauthier acheter de Pierre Arrivée, en 1724, un emplacement au village de Boucherville. Or, ce n`était pas le seul qu`il possédait en 1740. À preuve, une vente qu`il fit à Charles Racicot d`un emplacement de 72 pi. en carré, sis rue Ste-Anne et qu`il lui appartenait « par procès-verbal de bornage et par quittance de rentes seigneuriales et non par contrat de concession ». Cette vente fut conclue pour 10 livres! (gr. A. Loiseau, 18-8-1742). Dès l’année suivante, il revendait à Joseph Chicot, aussi de Boucherville, la terre du 5e rang acquise des Pinard en 1741 pour 30 livres en argent et 30 livres en marchandises (gr. A. Loiseau, 30-3-1743).
Denise, l`aînée des enfants de Germain Gauthier et de Jeanne Beauchamp était veuve et sans enfant. Elle demeurait avec les Pinards, au village de Boucherville et elle possédait un peu de bien. De plus, elle avançait en âge et elle sentait peut-être venir sa fin. De fait, elle mourut en 1749. Est-ce à son instigation et pour venir en aide à sa sœur Agnès, on ne sait, mais Pierre renonça par acte notarié à la succession de Denise du vivant de celle-ci, en faveur de Jean-Baptiste Pinard et de sa femme Agnès Gauthier (gr. A. Loiseau, 17-9-1747).
Le plus jeune des cinq enfants vivants nés du mariage de Pierre Gauthier avec sa première femme était un garçon nommé Germain, comme son grand-père. Or, ce Germain était mort célibataire, en 1742 propriétaire d`une terre de 2 arpents de large sur 25 de profondeur située au 3e rang de la seigneurie de Boucherville. Or, cette terre qui était en partie défrichée revenait par droit de succession à ses frères et sœur. Marie-Josephe, Pierre, Paul, Laurent chacun héritait du quart de ladite terre. Paul et Laurent vendirent leur part à leur père par acte notarié (gr. A. Loiseau, 26-6-1748). À 64 ans, notre homme achetait encore de la terre.
Le 30 septembre de cette année 1748, il avait la douleur de perdre celle qui avait été pendant 22 ans, la seconde compagne de sa vie. On lit en effet, au registre de l`état civil de Boucherville à la date suscité :
« L`an mil sept cent quarante huit, par moy, prêtre soussigné, a été inhumée dans le cimetière de cette paroisse, le corps d`Isabelle Paillé âgée d`environ cinquante ans (8) femme de Pierre Gauthier dit St-Germain, ayant reçu tous les sacrements après avoir observé les cérémonies, en présence de François et Joseph Gauthier » Marchaud, prêtre
De son mariage avec Pierre Gauthier, elle avait eu sept enfants tous des garçons dont voici les noms avec la date de leur baptême. Trois sont à Boucherville : Jean-Baptiste, bapt. le 28 août 1727; Joseph, bapt, le 17 février 1729; François, bapt. le 4 août 1730 et inhumé le 9 novembre 1730; Amable, bapt le 29 sept, 1731; François, bapt le 16 févr. 1733; Jean-Louis, bapt. le 3 mars 1735 et Antoine, bapt. le 11 juillet 1736. Ils étaient tous mineurs (9) et ils devenaient, au décès d`Isabelle Paillé, héritiers de la part de celle-ci des biens de sa communauté avec leur père. Toutefois, l`inventaire et le partage n`en seront faits que huit ans plus tard. Cependant, un an après le décès de leur mère, les deux Lemay, Paul et Louis, faisaient à leur beau-père, Pierre Gauthier l`abandon de leurs droits et prétentions dans la succession de défunte Isabelle Paillé, leur mère et « quoiqu`il n`y ait pas eu d`inventaire de fait de sa communauté avec Pierre Gauthier ».
Troisième mariage
Pierre Gauthier ne se résigna pas au veuvage. Le 3 août 1750, il épousait à Boucherville dame Angélique Véronneau, veuve de Thomas Houilem et fille de Denis Véronneau, un des premiers colons de Boucherville. Les époux avaient passé un contrat de mariage en séparation de biens devant M. Antoine Loiseau, le 27 juillet 1750.
Il semble qu`à cette époque Pierre Gauthier ait éprouvé certaines difficultés découlant vraisemblablement de son retard à faire le partage de la succession d`Isabelle Paillé. Un contrat de vente qu`il fit en 1750 le laisse clairement entendre. « Se voyant poursuivit », dit le document, par les créanciers des dettes de sa communauté avec défunte Isabelle Paillé et obligé pour éviter les frais « il vendit et transporta à Pierre Gauthier, son fils, habitant demeurant à Boucherville, un arpent de terre de front sur 25 de profondeur, situé au 4e rang de la seigneurie de Boucherville et qui lui appartenait par contrat de vente que lui avait faite ses autres enfants de leur part de la succession de défunt Germain Gauthier, leur frère » (gr. A. Loiseau, 29-9-1753).
Quelques mots d`explications paraissent ici utiles. Le régime matrimonial le plus répandu à cette époque était celui de la communauté de biens. Or, comme l`avoir des habitants consistait bien sûr en quelques meubles, hardes, objets ménagers, outils, instruments aratoires et bestiaux, mais principalement en immeubles, i.e. terres, maisons et bâtiments, il en résulte souvent de sérieux embarras financiers pour le survivant lorsqu`un des époux décédait prématurément en laissant des enfants. Le partage des biens meubles ne créait pas trop de problèmes; on en faisait l`inventaire et l`estimation ou « prisée », et c’est sur la base de celle-ci qu’avait lieu le partage en parts égales. Une moitié revenait à l`époux survivant, l`autre moitié était divisée également entre les enfants. Mais, pour une terre, c`était autre chose. Si elle mesurait par example 4 arp. sur 30 de profondeur, elle était d`abord divisé en deux morceaux de 2 arp. sur 30 chacun, lesquels étaient tirés au sort entre le survivant et ses enfants. Puis, la partie qui revenait à ces derniers était elle-même divisée en autant de parts égales pour être à leur tour tirées au sort entre les enfants. On voit le morcellement et la dévaluation que ce systême engendrait. Pierre Gauthier avait dû faire face à ce problème une fois au décès de Marie-Anne Tessier, mais on se souvient qu`il n`y avait pas alors de partage entre lui et ses enfants ni entre ces derniers. L`obligation cependant, demeurait de le faire. Il se retrouva dans la même situation au décès d`Isabelle Paillé et comme il avait plusieurs terres et qu`il lui restait six enfants vivants du deuxième lit, on comprends les délais qu`il mit à procéder au partage qui s`imposait une deuxième fois.
Pierre Gauthier avait 66 ans à son mariage avec Angélique Véronneau, l`heure approchait où il allait se retirer au village pour ses vieux jours, mais il avait encore beaucoup de terre sur les bras. Il commença par bailler à ferme à moitié profit pour un an à son fils Joseph celle à laquelle il tenait le plus, celle de la Côte St-Joseph. Le bail est des plus intéressants par la description des lieux ainsi que par l`énumération et l`évaluation de tout le matériel de cette ferme et par les conditions du marché (gr. A. Loiseau, 12-12-1753).
Puis, il continua de mettre ordre à ses affaires. D`abord, il fit son testament. Il y recommande son âme à Dieu, ordonne que ses dettes soient payées et que les torts qu`il aurait pu causer soient réparés, « si aucun il y a ». Il donne 12 livres pour être distribuées aux pauvres de Boucherville, par le curé et il stipule que 200 livres soient versées pour faire dire des messes comme suit : 25 livres pour M. Anne Tessier, sa première femme, 25 livres pour Isabelle Paillé, sa deuxième femme et 150 livres pour lui-même. Enfin, il ordonne que ses biens soient partagés également entre ses enfants et il désigne Jean Gauthier son frère aîné comme son exécuteur testamentaire (gr. A. Loiseau, 8-5-1755).
Cet homme qui dictait ainsi ses dernières volontés aurait dû, semble-t-il, en avoir terminé avec les achats de terre…Eh bien non! Le jour même où il faisait son testament, il achetait de François Laframboise, forgeron de Boucherville, pour le prix de 12 livres, un lopin d`une superficie de 20 arpents situé dans la seigneurie de Beloeil, au bout d`une concession qu`il y possédait déjà (gr. A. Loiseau, 17-11-1755).
Pour le cultivateur qui décidait de « se retirer au village », il y avait alors deux façons d`assurer sa subsistance et celle de ses dépendants : céder son bien à l`un de ses garçons ou à défaut d`enfants à un étranger en retour d`une rente viagère suffisante et c`était le manière le plus souvent suivi; ou bien « bailler sa ferme à métairie », soit à prix fixe soit à moitié profit. C’est ce que Pierre Gauthier avait fait avec sa terre de la Côte St-Joseph en 1750; c`est également ce qu`il fit avec celle qu`il possédait au 2e rang de Boucherville où il avait maison, grange et étable, le tout bien logeable, qu`il loua à Jean-Baptiste Pinard, son neveu à moitié profit pour un an (A. Loiseau, 17-11-1755).
Par son testament, Pierre Gauthier avait commencé à mettre ordre à ses affaires. Or, certaines de celles-ci étaient, il faut le dire, en souffrance à commencer par l`obligation qu`il avait à l`égard de ses enfants du premier lit. L`inventaire des biens de sa communauté avec Marie-Anne Tessier datait du 2 juillet 1725, et en 1755, le partage n`était toujours pas fait. Il était impossible d`y procéder sur la base d`un inventaire et d`une estimation faits 30 ans plus tôt. C`est donc un « accord » qu`il conclut avec Pierre, Paul, Laurent et Marie-Josephe. Germain, on s’en souvient, était mort. Par cette entente qui pourvoyait à la clôture de l`inventaire et au partage des biens, leur père, remettait à chacun des héritiers susdits, ce qui leur revenait, déduction faite de ce qu`il avait déjà reçu à titre d`avance sur son dû. Les enfants, de leur côté donnaient à leur père quittance finale et entière de ce qu`il leur devait de la succession de leur mère (gr. A. Loiseau, 16-2-1756).
Mais, en 1723, au décès de Marie-Anne Tessier, Germain, qui n`allait mourir que 19 ans plus tard, héritait, comme sa sœur et ses trois frères d`une cinquième partie de la moitié des biens de la communauté. C`est ainsi qu`il lui revenait une lisière de terre paternelle et une part proportionnelle de la valeur des bâtiments qui s`y trouvaient. À sa mort en 1742, ses droits échurent par succession à sa sœur et à ses trois frères, Pierre, Laurent, Paul et Jean-Baptiste Loiseau pour Marie-Josephe Gauthier son épouse qui, évidemment ne se partagèrent pas ce lopin; mais en 1756, leurs droits existaient encore. Au mois de mai de cette année-là, ils les cédèrent à leur père, Pierre Gauthier pour la somme de 190 livres soit 47 livres 10 sols à chacun (gr. A. Loiseau, 2-5-1756). Ainsi se trouvait conclue une autre affaire pendante.
Ayant ainsi « réglé » avec ses quatre enfants du premier lit, il lui restait à le faire avec ceux du second lit, héritiers d`Isabelle Paillé. Celle-ci était décédée en 1748 et l`inventaire des biens de sa communauté avec Pierre n`avait pas été fait. Il était donc urgent d`y procéder sans retard. C`est ce qui fut fait le 23 avril 1756 devant Antoine Loiseau (No 2545).
Le document, d`un intérêt évident contient : a) l`énumération des biens meubles avec leur estimation s`élevant à 1058 livres, b) l`énumération des terres au nombre de quatre avec la localisation de chacune; savoir (1) une terre de 2 arp. sur 25 située à la Côte St-Joseph, seigneurie de Boucherville et qui était alors à ferme à Paul Gauthier, (2) une autre terre de 3 arp. sur 25 située à la Côte St-Jean, seigneurie de Boucherville aussi à ferme, (3) une concession de 2 arp. sur 25 en bois debout dans la seigneurie de Montardville, (4) une autre concession de 2 arp. sur 30, seigneurie de Beloeil, en bois debout, c) la liste des titres et papiers notariés numérotés de 1 à 24, d) la liste des créanciers et le total des dettes passives, e) enfin, la liste des débiteurs et le total des dettes actives (gr. A. Loiseau, 2525).
Dès le lendemain, il fut procédé au partage ou plutôt à la vente à l`encan des biens meubles inventoriés. Le procès-verbal dressé par A. Loiseau le 25 avril 1756 énumère chaque article, nomme l`acheteur et indique le prix payé. La vente dura trois jours et rapporta 2075 livres, 15 sols. Le partage entre Pierre et ses enfants du deuxième lit n`eut lieu qu`au mois de novembre suivant après la vente des grains dont le prix devait y être inclus. Enfin de compte, déduction faite des frais de notaire et des dettes passives, Pierre retirait 505 livres et chaque enfant quelque 95 livres (gr. A. Loiseau, 18-11-1756).
Le partage des biens meubles ayant été fait comme il vient d`être dit, il restait à s`entendre au sujet des immeubles. Cela se fit au moyen de diverses transactions dont les unes eurent lieu du vivant de Pierre, les autres, après son décès conformément aux dispositions de son testament et comme le montre la suite de cette chronique de ses dernières années.
L`inventaire du 23 avril 1756 faisait état de quatre terres appartenant à la communauté de Pierre Gauthier et Élisabeth Paillé. Deux de ces terres étaient dans la seigneurie de Boucherville, une dans celle de Montardville (St-Bruno) et la dernière, dans celle de Beloeil. En vertu du régime de la communauté de biens, la moitié de chacune appartenait au père, et l`autre revenait à parts égales à chacun des enfants vivants qu`il avait eus d`Isabelle Paillé.
On commença par celle de la Côte St-Jean à Boucherville qui mesurait 3 arp. de front sur 25 de profondeur. Le 26 septembre 1756, Pierre Gauthier, père, vend la moitié qui lui appartient, soit 1 arp. et demi sur 25 à Jean Baptiste Gauthier, un de ses enfants du deuxième lit pour la somme de 250 livres (A. Loiseau, No 2679). Et le même jour, trois des cohéritiers de Jean-Baptiste, c`est-à-dire, Joseph, Amable et François Gauthier vendent à celui-ci leurs droits successifs sur cet arpent et demi de terre de la Côte St-Jean ainsi que ceux qu`ils détiennent sur la moitié de la concession du Grand-Côteau, seigneurie de Montardville (gr. A. Loiseau, No 2579).
Quant à leurs droits sur la moitié de la concession de la Côte St-Joseph à Boucherville et qui était le bien paternel, les mêmes enfants héritiers d`Isabelle Paillé, les cédèrent à leur père, pour le prix nominal de 50 livres chacun (gr. A. Loiseau, 26-9-1756).
Au village de Boucherville : dernières années
L`une des trois sœurs de Pierre Gauthier, Marie-Françoise, avait épousé en troisième noces, Antoine Daunay dit Frenière et le vieux couple demeurait au bourg de Boucherville. Mais, arrivés à un âge avancé et incapables de prendre soin l`un de l`autre, ils auraient d`un commun accord, passé un acte en séparation de biens pour aller demeurer chacun chez l`un de leurs enfants. Comme il restait de leur avoir commun « un petit emplacement et une petite maison de pièces sur pièces située rue Ste-Famille pour être vendue par criée », Pierre Gauthier, ayant été le dernier et plus fort enchérisseur, l’achetait pour 450 livres (gr. A. Loiseau, 24-4-1758).
Malgré les multiples transactions qu’il avait faites, ou peut-être à cause d`elles, Pierre manquait de numéraire, puisque, un mois plus tard, il empruntait de François Gauthier St-Germain, son frère, tuteur des enfants mineurs des défunts Joseph Gauthier et Marie Josephe Louvois, 200 livres, qu`il s`obligeait et promettait rendre aux mineurs aussitôt que le premier sera en âge de majorité, affirmant que les 200 livres qu`il venait de recevoir desdit mineurs « est pour lui aider à payer une petite maison de bois située dans le bourg de Boucherville dans la rue Ste-Famille qu`il a acheté d`Antoine Daunay » (gr. A. Loiseau, 17-5-1758).
C’est dans cette humble maison de la rue Ste-Famille, au village de Boucherville que Pierre Gauthier passa les trois dernières années de sa vie. Cependant, ce ne furent pas des années sans histoire ni pour le pays, ni pour lui. On était aux derniers temps de la domination française; en effet, 1759 vit la capitulation de Québec, 1760, celle de Montréal et, en 1763, le traité de Paris allait sceller le sort de la Nouvelle-France. On imagine sans peine le contrecoup de ces évènements sur les gens d`ici : leur destin allait prendre une direction nouvelle et inconnue! Qu`allaient-ils devenir?…Puis, toutes les affaires de Pierre Gauthier n`étaient pas terminées, loin de là! C`est au commencement de l`été de 1758 qu`il vendit sa terre de la Côte St-Joseph, celle même qu`il avait acquise morceau par morceau des héritiers de Jacques David et où il avait vécu et travaillé pendant 35 ans. Louis Morel, Sieur de La Durantaye s`en porta acquéreur avec les bâtiments, les animaux et les outils de ferme. De plus, il achetait la moitié de la concession, soit un arpent de large sur 25 de profondeur que Pierre possédait encore dans la seigneurie de beloeil. Le tout rapportait au vendeur la somme de 7000 livres payable à sa demande et requête (gr. A. Loiseau, 9-6-1758).
Cependant, Antoine, le plus jeune des enfants de Pierre Gauthier, bien qu`il eut alors 22 ans, n`était pas encore marié ni établi. C`est probablement lui qui selon la coutume aidait son père dans les travaux de la terre et on peut penser que ce ne fut pas sans regret qu`il voyait vendre le bien paternel. C`est sans doute pour établir son garçon que Pierre Gauthier acheta de M. de La Durantaye, le jour où il passait avec lui le contrat qu`on viens de dire, une autre terre, « sise dans la seigneurie de Boucherville mesurant un arpent et 12 pieds de front sur 25 de profondeur tenant par le devant au fleuve St-Laurent et d`autre bout au lac de la Côte St-Joseph ». Le prix en était de 2700 livres à déduire des 7000 dues à l`acquéreur en vertu de la transaction précédente. Il lui revenait donc 4300 livres qui lui furent payées le 21 du même mois (gr. A. Loiseau, 9-6-1758).
Or Antoine n`était apparemment pas prêt à se marier et à prendre en mains l`exploitation de cette terre. Son père la loua donc à ferme à prix fait, pour trois ans de la St-Michel 1758 à la St-Michel 1761 à Joseph Loiseau, son petit-fils (gr. A. Loiseau, 12-6-1758).
Antoine s`étant marié le 20 octobre 1760, il était en mesure à l`expiration du bail de métairie ci-dessus mentionné de prendre charge de la terre qui lui était destinée. Le moment était donc venu pour son père de lui en faire l`abandon. Il la lui céda effectivement par contrat passé en sa maison du bourg de Boucherville le 18 juillet 1761 (gr. L. Loiseau, 18-7-1761). Il mettait à cette donation quelques conditions peu onéreuses comme de le fournir en blé, en pois et en bois de chauffage, et… « de le faire inhumer comme un bon habitant après son décès »
Celui-ci ne devait pas tarder à survenir. Moins de deux mois plus tard, Pierre Gauthier dit St-Germain s’éteignait à Boucherville à l’âge de 76 ans 10 mois.
De la lecture de son acte d’inhumation, émouvant dans sa simplicité, se dégage l’indéfinissable sentiment de la douceur du repos enfin conquis, et en même temps, de la tristesse des ultimes adieux.
« L`an mil sept cent soixante et un, le treizième septembre, a été inhumé dans le cimetière de cette paroisse le corps de pierre gauthier âgé de soixante-dix-huit ans, ayant reçu tous les sacrements, après avoir observé les cérémonies prescrites en présence de pierre et paul gauthier ses enfants qui ont déclaré ne savoir signé de ce enquis » Morand, ptre.
Ce que Pierre Gauthier avait encore de propriétés à sa mort : sa petite maison de la rue Ste-Famille à Boucherville et 25 arpents de terre dans la seigneurie de Beloeil fut vendu par ses enfants : la maison à Louis Babin pour 360 livres, le 26 septembre 1771 (L. Loiseau, No 56) et le morceau de terre à Louis Blain pour 60 livres (gr. L. Loiseau, 26-9-1761).
NOTES :
(1) Il y avait un maître d`école au village de Boucherville dès 1689. (2) Plus exactement cousin germain de Marie-Anne Tessier, sa femme. (3) Il s`agit de Geneviève-Anne Lemire, fille de Jean Lemire et de Louise Marsolet. (4) Cette maison était située du côté nord de la rue Notre-Dame, à l`angle sud-est de la Place d`Armes, au lieu où se trouve l`édifice Aldred. (5) Il s`agit de Jean-B. Tessier dit de La Tessonnière. (6) Saint-François d`Assise de la Longue-Pointe. Abrégé historique par Mgr Olivier Maurault. Montréal, 1924 2e edition. (7) Les actes disent le plus souvent Isabelle, elle signait Élisabeth. (8) Elle avait cinquante trois ans, étant née en 1695. Son père Léonard Paillart était charpentier et il a exécuté une multitudes d`ouvrage importants à Montréal à la fin du 17e siècle. Il avait épousé Louise Vachon, fille de Paul Vachon, notaire à Québec. (9) À cette époque, en Nouvelle-France, la majorité ne commençait qu`à 25 ans, ce qui multipliait et prolongeait les tutelles. « Ces notes biographiques sur Pierre Gauthier, notre second ancêtre en ligne directe, ont été rédigées à partir des registres de l`état civil et surtout des actes notariés qui le concernent. Malgré leur sécheresse, ces documents nous aident à nous faire une certaine image de l`homme et de son milieu. Puisse ceux de ses descendants, qui liront ces lignes, éprouver un peu de l`intérêt et du plaisir que j`ai éprouver à les écrire. » Armand Gauthier (St-Germain) Montréal, 7 juin, 1975 « Le plaisir délicieux et toujours nouveau d`une occupation inutile… » Armand Gauthier L’Association de généalogie des familles Gauthier est reconnaissante de la co-opération de Raymond Gauthier qui nous a gracieusement fourni le texte de cette historique de Pierre Gauthier. Ces quelques lignes de Raymond qualifie bien Armand Gauthier : « Membre émérite de la S.G.C.F., Armand Gauthier, 1898-1992, a été directeur des études à Arvida et professeur à l’Université Laval et à l’Université de Montréal. J’ai connu monsieur Armand Gauthier en février 1988 lorsque qu’il résidait avec son épouse au Manoir de Cartierville, rue Grenet à Montréal. Je retiens de cet homme quelqu’un de fier et cultivé avec un beau parlé. Il était alors âgé de 90 ans. Nous avons passé plusieurs samedi après-midi à discuter de généalogie et autres sujets. Son épouse qui était paralysé depuis plusieurs années assistait toujours à ces rencontres. Comme il ne faisait plus de généalogie depuis quelques années, il m’a généreusement transmis l’histoire de notre ancêtre commun – Germain ainsi que celles de ses enfants. Je vous en souhaite une bonne lecture. » Raymond Gauthier de Montréal. Membre #7405 S.G.C.F. / #2533 S.G.Q. References
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